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14 février 2016

Orthographe : nouvelle querelle des Anciens et des Modernes ?

Ou, comme l'a dit Benoit Hamon sur une chaîne matinale d'information,  des discussions de " salon de Saint Germain des Prés" ?   accent circonflexe.jpg

A première vue, oui .. faut-il un accent circonflexe sur tel mot ou pas ? Ph ou F ? Querelle orthographique  (orthografique) dépassée ? C'est sûr (sur ?), on peut penser que ceci est d'un autre âge (age ?) et surtout, il y a des problèmes plus graves actuellement !

Et pourtant .. Cette querelle soulève plusieurs questions !

Est-ce l'Académie qui est à l'origine de cette rumeur ? Non .. les académiciens ont publié un communiqué le démentant : ce n'est pas nous ! Le communiqué est ICI: en voici les premiers termes:

L’Académie française tient tout d’abord à rappeler qu’elle n’est pas à l’origine de ce qui est désigné sous le nom de « réforme de l’orthographe », dont la presse se fait l’écho depuis quelques jours, et qui devrait être appliquée dans les programmes scolaires à compter de la prochaine rentrée.

 Le texte auquel il est fait allusion émane du Conseil supérieur de la langue française : il a été publié dans les « Documents administratifs » du Journal officiel le 6 décembre 1990.

Si ce ne sont pas les "Sages", c'est donc le Ministère de l'Education Nationale ! Un tour sur son site … rien ! Alors qui ?

Une note du gouvernement du 5 février est enfin dénichée  (ICI) :

Il ne revient pas au ministère de l’Éducation nationale de déterminer les règles en vigueur dans la langue française. Ce travail revient à l’Académie française, depuis Richelieu.

Finalement ce jeu du "c'est pas moi, c'est lui !" ne serait donc qu'une tempête dans un verre d'eau ? Peut-être sauf qu'il y a une autre explication possible qui tient dans cette petite phrase, toujours sur le site du Gouvernement:

A la rentrée 2016, les manuels scolaires pourront faire référence, tout comme dans le cadre des programmes précédents adoptés en 2008 lorsque Xavier Darcos était ministre de l’Éducation nationale [c'est pas nous, c'est un gouvernement précédent], aux rectifications de l’orthographe adoptées en 1990 par le conseil supérieur de la langue française et approuvées par l’Académie française

 Les éditeurs de manuels scolaires pourront donc en éditer de nouveaux marqués "NO" (Nouvelle Orthographe" ), ce qui améliorera leur chiffre d'affaires ! L'image ci-dessous est celle de l'association suisse créée en 1990 pour la nouvelle orthographe

logo asso suise rcréée en 1990 pour l aréf de l'orthog.png

Non, cette rumeur n'est pas une tempête dans un verre d'eau, ni une discussion de salon, mais un autre aspect de la casse de notre enseignement et le mot de la fin revient à l'Académie par la voix d'Hélène Carrère d'Encausse dans un article paru le 13 Février: 

Le ministère de l’éducation nationale s’est appuyé sur une réforme du « conseil supérieur de la langue française » adoptée en 1990 pour inciter les éditeurs scolaires et les enseignants à adopter de nouvelles simplifications orthographiques.(Quotidien La Croix du 13 Février)

Et la fin de cet article est sans appel: « La position de l'Académie n'a jamais varié sur ce point : une opposition à toute réforme de l'orthographe mais un accord conditionnel sur un nombre réduit de simplifications qui ne soient pas imposées par voie autoritaire et qui soient soumises à l'épreuve du temps », souligne Mme Carrère d'Encausse. Elle remarque sur ce point que la réforme est tombée en désuétude. Les Français dans leur pratique ne l’ont pas cautionnée. « Il est donc absurde de ressortir aujourd’hui cette réforme » conclut-elle.

Mais le diagnostic porté par l’académicienne sur le système éducatif risque de relancer le débat. Depuis 1990, le contexte a totalement changé rappelle-t-elle. « En 2016, nous sommes devant une situation radicalement différente » avec un système éducatif qui « s'est écroulé » au point « qu'un élève sur cinq quitte l'école sans savoir lire » commente-t-elle. « Le problème n'est donc plus d'offrir des facilités aux élèves, de conserver ou non l'accent circonflexe, mais de revoir totalement notre système éducatif ». (Le passage mis en valeur en gras n'est pas dans le texte d'origine)

Hélène Carrère d’Encausse enfonce le clou. « Je dirais que la tragédie française est une inégalité croissante, née de l’effondrement de notre système éducatif ». Ce dernier « doit être reconstruit en fonction de cet impératif d’égalité ».

Guyancourt-en-mouvement