21 octobre 2010
Injuste réforme
Si j’avais été en mesure de participer au vote sur la réforme des retraites, voici pourquoi je ne l’aurais pas votée.
Je considère que la réforme de notre système actuel est inévitable. Si on veut continuer à sauver notre système de répartition, si on veut prendre en compte l’évolution démographique, c'est-à-dire l’ allongement de la durée de la vie qui fait que les actifs doivent assumer la charge de retraites de plus en plus nombreuses et rembourser-sans continuer à augmenter le déficit, ce qui semble improbable- les montants empruntés les années précédentes, si on ne veut pas baisser le montant des pensions, repousser l’âge légal du départ à la retraite de 60 à 62 ans est raisonnable. Cela n’empêche pas de jouer sur un autre critère, celui d’une véritable politique de l’emploi et de reconquête de la production.
Le report à 62 ans me semble inévitable, avec un passage progressif de 60 à 62 ans, étalé sur 8 ans. La situation actuelle est intenable. Des dizaines de milliards sont empruntés –le tiers des dépenses publiques chaque année- et leur charge renvoyée sur les années à venir. Les actifs doivent donc assumer la charge de retraites toujours plus nombreuses- c’est la base de notre système de répartition- et, en plus, rembourser les montants empruntés les années précédentes !
En effet, si on ne veut pas augmenter de trop les cotisations, si on ne veut pas baisser le taux actuel des pensions ni augmenter l’impôt, il faut nécessairement augmenter le nombre d’actifs par rapport au nombre des retraités pour sauver notre retraite par répartition. Ceci permettrait aussi de supprimer ou au moins diminuer les déficits. C’est pour cela qu’il faut coupler la réforme des retraites avec une véritable politique de l’emploi; ces deux volets doivent être traités ensemble; or ceci n’apparaît pas dans les propositions du gouvernement. Il faut jouer sur deux données : déplacement de l’âge de la retraite et politique de reconquête de l’emploi.
Cependant, cette réforme est injuste car en déplaçant de 65 à 67 ans le seuil où l’on peut obtenir une retraite proportionnelle sans pénalisation-et non "à taux plein", comme on l’entend toujours- on pénalise les carrières incomplètes, particulièrement les femmes.
Lorsqu’on parle de « retraites à taux plein », il ne faut pas entendre retraites complètes; cette expression signifie avoir le droit de faire valoir les annuités acquises, même si elles sont en petit nombre, et donc avoir une retraite proportionnelle à ce nombre.
On punit d’une double peine-pensions plus faibles et allongement de la durée du temps de travail pour avoir le nombre d’annuités nécessaires- les mères de familles qui ont arrêté leur vie professionnelle pour élever leurs enfants, ceux qui ont une carrière professionnelle difficile alternant période de chômage et de travail souvent partiel, tous qui n’ont donc pas cotisé régulièrement et qui ont déjà des revenus faibles.
De plus, chacun sait, surtout quand la carrière professionnelle a été difficile, que les années les plus dures sont celles de 65 à 67 ans, bien plus que celles de 60 à 62 ans
J’aurais donc voté pour une réforme juste car faire une réforme des retraites est vital, et je considère comme raisonnable qu'elle comporte un déplacement de l'âge légal de 60 à 62 ans.
Mais le déplacement de 65 à 67 ans du seuil où l'on peut obtenir une retraite proportionnelle sans pénalisation est une punition pour les carrières incomplètes. C'est une injustice et j’aurais voté contre cette injustice.
La situation que nous vivons aujourd’hui montre que notre gouvernement, qui doit, comme le feraient tous les gouvernements, faire respecter la loi, est sourd à l’inquiétude des Français et a réussi à cristalliser toutes les oppositions : ceci n’est pas responsable.
Julien Oechsli, conseiller municipal soutenu par le Mouvement Démocrate
Les passages en italiques complètent ce que j’ai écrit dans la tribune du Guyancourt Magazine n° 401
21:28 Publié dans Notre boîte à idées | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : retraites, mouvement démocrate, guyancourt